Propos : les sons produits par le
mouvement de nos pieds sur différentes matières constituent,
avec ceux de notre respiration, ceux qui nous accompagnent
tout au long de notre vie et auxquels on ne fait généralement
pas attention (en tout cas tant que les indices dont ils sont
porteurs ne contiennent pas d'information inquiétante...),
et la marche qui laisse les pensées s'envoler. Il
se trouve que j'ai toujours beaucoup marché (je n'ai
jamais eu d'automobile...) et la matière des sons produits
par les pas sur les surfaces naturelles des chemins ou à
travers bois, à toutes les époques, a constitué
une source d'enregistrements évidente et renouvelable
depuis que je suis équipé de matériel mobile,
c'est à dire mon premier Marantz portable à cassette
et ma tête artificielle Sennheiser MKE 2002 au milieu
des années 80. Les plus vieux sons de ce type qui soient
utilisés ici datent du début des années
90 et ont été enregistrés sur DAT. J'aborde
cette question à l'intérieur du "propos"
car c'est cette nature et cette qualité de sons qui a déterminé à
la fois son existence, sa matière et sa composition. C'est
peut-être la pièce la plus "méditative"
de la série et même de ma production en général,
en tout cas qui présente une stabilité dans la
forme comme dans le contenu que je ne pratique pas d'habitude,
et qui est bien visible sur le sonogramme. Elle s'appuie évidemment sur
la répétition et la relative régularité
de la marche pour maintenir une attention sur la durée
suivant une écriture à trois voies, cheminant
d'une manière parallèle avec comme interactions
quelques jeux de coïncidences plus ou moins appuyés.
Ces trois voies – les pas, les résonances et la trame
de clarinette, et les chuchottements – fonctionnent d'une manière
assez semblable à ce qui se pratique dans les musiques populaires : la rythmique, les
accords et le chant... C'est aussi une pièce qui possède
un caractère un peu "dramatique", porté
par la tension de la trame de clarinette et qui n'avait pas
été anticipé.
Histoire : quelques-uns des sons
de pas sont présents dans Scène aux champs,
les résonances apparaissent dans L'horloge des anges
ici-bas, et les séquences de chuchottements ont été
utiisées notamment dans Jeux de constructions.
Origine des sons : - mes pas dans
différents lieux, à différentes époques,
enregistrés à l'aide de différents équipements -
des phrases chuchottées en anglais récupérées
sur Internet, multipliées et spatialisées
- des résonances multiphoniques issues du travail
sur Densités - une très longue séquence
tramée sur 64 canaux à partir de sons de clarinette
(générée avec le plugin Texturizer 64)
Déroulement : - rassemblement
des captations de pas - placement spatial des enregistrements
stéréo au sol au centre - placement spatial
des enregistrements ambisoniques sur la périphérie -
montage temporel grossier - ajout des résonances et
des chuchottements - montage détaillé
Compatibilités : l'importance
évidente de la production des sons au niveau du sol et
au centre de l'espace de diffusion rend cette pièce totalement
incompatible avec les dômes (à moins d'en faire
des "dômes augmentés"...) ainsi que la
plupart des acousmoniums. Il en existe cependant une version
stéréophonique transaurale avec vidéo (NON
destinée à être spatialisée !) qui
illustre jusqu'où peut aller le jeu des possibles...
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