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de l'autre côté de la membrane Douze échelles pour un échafaudage (3'55) |
Propos : construction sonore basée sur l'analogie entre l'échelle de hauteurs en musique et la hauteur spatiale, entre la structure patiale d'un échafaudage faite d'un quadrillage de barres verticales et horizontales et la construction d'une pièce dans le temps, et également, même si cet aspect n'a pas été développé tel qu'il devait l'être initialement, la notion d'échelle de taille par rapport à celle due à la distance. Histoire : pas de précédent direct, mais le propos s'inscrit dans celui des "Constructions", notamment de la première pièce de la série (Cinq tentatives d'assemblage), ainsi que dans la deuxième partie de L'œil tactile en 1996. Origine sonore : corps sonores frottés ou grattés avec divers ustensiles à proximité d'une ligne de 8 microphones : plaque de polystyrène, règle métallique, cylindre de carton, planches. Ils possèdent tous une longueur au moins égale à cette ligne et les gestes, plus ou moins rapides, affirmés ou hésitants, sont tous effectués en une seule fois de manière à conserver l'impression de traits uniques lors de leur audition. Déroulement : Compatibilités : la raison d'être de cette pièce étant les possibilités de tracés et d'imbrications de l'espace holophonique tridimensionnel, son adaptation pour des espaces périphonique est totalement impossible. La réduction de résolution de l'espace haut-parlant est néanmoins possible, mais cette pièce reste malgré tout très dépendante de la qualité de sa construction spatiale sous peine d'aboutir à quelque-chose de grossier où ne subsistent plus que des enchaînements de gestes harmoniques lourds et redondants. Sa binauralisation par exemple est assez insupportable... |
La ligne de microphone est une disposition que
j'utilise souvent, soit parce qu'elle correspond directement
à la forme spatiale souhaitée (comme ici), soit
parce qu'elle permet d'obtenir ensuite toutes sortes d'autres
formes très facilement et efficacement. Les Behringer C-2 sont les premiers microphones que j'ai achetés spécialement pour la multiphonie, qui en 2005 et encore aujourd'hui sont certainement les plus économiques (50 € la paire !). Leur sonorité est tout à fait correcte et mais leur sensibilité est faible, ce qui convient malgré tout à des captation de proximité. Et avec un tout petit peu d'égalisation ensuite ils sont parfaits lorsque le nombre est important (j'en ai aussi 16 autres en disposition sphérique). |
Les objets bruts issus des captations ont été
traités avec le
plugin MiniRez pour obtenir une coloration et des résonances
selon des échelles de fréquences produisant des
harmonies arpégées sur huit points, arpèges
dépendant
des gestes effectués devant les microphones. Le traitement est basé
sur l'algorithme Karplus-Strong (sur 64 canaux) qui est souvent
utilisé pour la modélisation de cordes vibrantes.
Les réglages permettent de
jouer finement sur la répartition et l'atténuation
des résonances et le dosage du signal direct, ici en
valeurs fixes pour chaque série de prises. Note à propos du format octophonique des sons |
Ces
lignes, résonnantes ou non, étaient depuis le
début destinées à constituer les montants,
la structure d'un échafaudage évidemment virtuel,
mais dont la construction devait être audible, quasi visible
et touchable. J'aurais pu placer un
plugin SpatMass sur autant de pistes, n'ayant ensuite
qu'à placer
les objets sur la piste souhaitée pour le disposer spatialement.
C'est la méthode que j'utilise dans d'autres préludes,
notamment le "Byobu à treize feuilles" mais
qui n'est pas économique en ressources (43 x 8 x 64 canaux
tout de même). |
Une première tentative d'organisation
spatiale et temporelle a été effectuée
en combinant les objets originaux, qui donc ne représentaient que les échelles spatiales,
avec les objets issus du traitement de résonances. J'aimais
bien cette idée de jouer sur la colorisation et de pouvoir
distinguer ou associer les deux types d'échelles, mais
cela me semblait n'apporter que de la confusion. |
La composition temporelle s'est organisée autour
des échelles harmoniques pour former une suite de sections
qui correspondent également à des regroupements d'échelle spatiale.
Par exemple la première section est constitué
de piliers verticaux, la seconde de barres horizontales au sol,
etc., les dernières sections imbriquant un peu tout mais
toujours délimités par les échelles harmoniques. Un problème qui est apparu lors du montage est
celui de la durée des résonances. Celle-ci, variable
selon les cas, a été déterminée
initialement lors du traitement avec le MiniRez,
et s'il est toujours possible d'appliquer un time-stretching
pour les ajuster, ce dont je ne me suis pas privé, j'ai
eu quelques-fois besoin de plus, d'un gel, d'une suspension
qui permette d'attendre l'étape suivante. La dernière étape déterminante a
consisté en l'ajout des "ambiances de ville",
qui n'étaient pas du tout prévues au départ. |
Pas mal de resserrements ont été effectués dans le montage final : une première étape à la suite de la composition, une seconde quelques mois plus tard, à tête reposée dans l'atelier d'hiver, où certains moments d'attente ou de suspension, quoique plaisants en eux-mêmes, m'ont apparu être néanmoins préjudiciables à la dynamique de l'écoute, et une troisième encore six mois après dans l'Acousmonef avec un resserrement plus draconien. |