Des sons dans l'air : l'acousmobile


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l e s a c o u s m o b i l e s

le grand acousmobile | l'acousmobile de chambre et de campagne | l'acousmobile de poche

Le plus difficile aujourd'hui n'est pas de faire mais de faire entendre !

Cette constatation, qui n'est certes pas nouvelle, touche évidemment toute pratique musicale et sonore, mais on peut néanmoins dire qu'il y en a pour qui c'est un peu plus difficile que d'autres...
C'est le cas de la création acousmatique en général, et en particulier celle qui intègre la dimension haut-parlante dans son existence même où, pourrait-on dire, on accumule tous les handicaps : celui d'être sonore dans une société de l'image, et celui de considérer que le choix d'un dispositif d'enceintes puisse faire partie de l'œuvre plutôt que de n'être qu'un système de diffusion.

La situation a un peu évolué aujourd'hui, pas tant du côté des dispositifs généralement associés à la création acousmatique qui restent encore fortement attachés à la tradition du concert stéréophonique spatialisé, mais grâce au développement des dômes vidéo, et, dans une moindre mesure, comme un effet de bord, avec la popularisation de l'idée d'immersion au cinéma.
Cependant ceci ne représente qu'une partie de l'étendue des espaces haut-parlants possibles, quelques cas (d'accord, ils sont omniprésents) parmi les types de composition et les situations d'écoute avec lesquels on peut, et j'aime, jouer.

Les acousmobiles se sont développés fortuitement (et énormément) à partir d'une petite installation, Bibelots à observer de près en 2008. Mais ils ont rapidement représenté pour moi LA manière de répondre à l'absence ou aux limites des systèmes de diffusion habituels, et, par la légèreté, la diversité et l'originalité de leurs composants, ils m'ont ouvert à un éventail de possibles liés à leur miniaturisation, où la présence et la proximité tiennent une place essentielle.
Toutes mes installations de ces quinze dernières années n'auraient pu exister sans eux, et un outil comme le grand acousmobile constitue actuellement le moyen quasi unique pour que je puisse faire entendre certaines de mes compositions d'une manière satisfaisante en dehors de l'Acousmonef. Celà a évidemment un prix, et je ne parle pas ici de l'investissement d'argent qui ne sera jamais amorti, mais de l'effet pervers qui, en me rendant autonome, m'a dispensé de devoir m'insérer dans le circuit du "marché de la création"... et de pouvoir bénéficier de ses réseaux de diffusion.

Ultramobiles et autonomes ou nécessitant un temps de montage important et un lieu adapté, transportés dans un simple sac à dos ou ayant besoin d'un véhicule spacieux, ils constituent pour moi les moyens privilégiés pour exporter mon travail et faire vivre une certaine conception x . Ils constituent aussi d'excellents supports pour des interventions, ateliers, stages et master-class.

La majorité de ces enceintes est associée à des installations, des interventions ou des constructions haut-parlantes très spécifiques, mais quelques ensembles forment les dispositifs de diffusion qui sont présentés ici.

Le grand acousmobile

configuration principale : maillage 3D de type holophonique/volumétrique
situations typiques : séances haut-parlantes (voyages en Acousmonef), installations, ateliers...
lieux : vides, surface de 50 à 100 m²

Le grand acousmobile est principalement dédié à la réalisation de séances de diffusion haut-parlantes, mais il peut également être présenté sous la forme d'installations selon des configurations diverses. Il constitue évidemment un excellent support pour des ateliers et d'autres interventions à caractère pédagogique.
Sa configuration spatiale est proche de celle de l'Acousmonef, à savoir celle d'un maillage tri-dimensionnel de type holophonique/volumétrique. Celui-ci peut être décliné selon différents arrangements selon les dimensions du lieu dans lequel il est placé et les conditions d'écoute qu'il permet, pouvant monter jusqu'à 75.4 points et descendre éventuellement jusqu'à 27.1. Dans tous les cas les lieux doivent disposer d'un espace libre de 50 à 100 m² environ, si possible plutôt carré et, important, posséder une acoustique la moins réverbérante possible.

Sa conception basée sur une multitude d'enceintes de petit calibre réparties dans les trois dimensions de l'espace contraste avec celle des acousmoniums ou des dômes traditionnels, où des enceintes plutôt puissantes entourent les auditeurs afin de projeter vers eux une image d'espace possédant plus ou moins de relief. Ici, la densité et la proximité haut-parlante fonctionne en quelque sorte d'une manière inverse. Les auditeurs sont placés librement au sein d'un réseau de points, des nœuds d'espace, entre lesquels les sons se posent, se meuvent, se déploient, non pas autour des auditeurs mais parmi eux.
Les modèles d'enceintes sont sélectionnés et répartis en fonction de leur sonorité et de leur diffusion spatiale selon leur niveau d'élévation et leur situation périphérique ou intérieure. Les subs sont évidemment indispensables pour compléter la partie basse du spectre et pour améliorer l'homogénéité de l'ensemble.

La présentation sous la forme de séances de diffusion, que l'on peut répéter autant de fois qu'on le souhaite, ou d'installations permet d'optimiser l'espace d'acoute pour un nombre relativement réduit d'auditeurs, une tretaine au maximum.
Selon leur nombre et leur périodicité, selon la nature et la durée des programmes, les séances peuvent être introduites par une présentation orale ou se poursuivre par une discussion, un atelier etc.
Certains programmes sont également tout à fait adaptés au fonctionnement en tant qu'installation continue ou par sélection.

résolution maximale 75.4 (maillage 5 x 5 x 3)

configuration 63.3 à l'Université Lyon II

configuration 51.4 dans l'auditorium du CIM à Bar-le-Duc

configuration 33.1 dans l'Atrium de la Bibliothèque Universitaire à St-Étienne

Séances longues (45'/50') :
sélection de Préludes à l'espace (plusieurs programmes + installation par sélection)
La Cage
Histoires fantacousmatiques

Séances courtes (20'/30') :
Coquilles & Bulles
Anatomie d'un Cube
Les paradoxes d'une sphère tronquée
Jeu de constructions

Voyages en Acousmonef (+/- 1h)

Équipement : 18 Scandyna Micropod, 2 Anthony Gallo A'Diva, 18 Anthony Gallo Nucleus Micro, 8 systèmes Audica MPS-1 2.0, 8 Jamo S-35, 22 Jamo S-25, 2 Dane One The One, 5 Eclipse TD-307II, subs Anthony Gallo TR-1 et Nucleus, Scandyna BassStation, Kef e-2, Focal Dome, 2 Scandyna The Ball, + 21 pieds photo et fixations + ordinateur, 3 interfaces RME Digiface USB, 10 convertisseurs ADAT Fostex VC-8 + ensemble de mini amplificateurs multicanaux

L'acousmobile de chambre et de campagne

configuration principale : disque jusqu'à 18.5 canaux, mise en place 30/40 mn (ou plus en configuration suspendue)
situations typiques : concerts d'appartement ou de grenier, en forêt, sous les étoiles, ateliers et master-class...
lieux : partout, mais au calme ! (aucune source d'alimentation électrique n'est requise)

J'ai très longtemps cherché à constituer un dispositif de diffusion qui puisse être transporté aisément et installé rapidement n'importe où, notamment en extérieur, bref, un acousmonium mobile de chambre, de cave et de grenier, de cour, de champs, de sous-bois et de clairière, de berge et de plage, et j'en passe, qui permette de faire découvrir en toute simplicité quelques zones de l'Acousmonde où vivent et s'ébattent les sons haut-parlants.
Ces lieux non conventionnels, ces situations de rencontres souvent fragiles entre des sons et des oreilles, apportent aussi de nouvelles manières de faire vivre les sons dans l'air, de faire cohabiter et s'interpénétrer des espaces composés avec des espaces sonnants, pour redécouvrir à chaque fois de nouvelles sensations, de nouvelles émotions.

Les ballades en acousmobile constituent à ce titre une formule que j'aime particulièrement : elle consiste à partir en petit groupe dans les chemins, enceintes et pic-nic en sac à dos, à les mettre en place lorsque un lieu propice se présente, et à savourer...

au festival Son MiRé à Fabrezan

Le programme est constitué d'œuvres spécialement composées pour ces diffusions originales. Certaines sont plus narratives ou plastiques, abstraites ou illustratives, courtes ou longues, et peuvent être sélectionnées selon les lieux, l'environnement, les dispositions spatiales et l'auditoire.
- Pré-histoire(s)
- Instants plastiques
- L'envol de l'Arbre
- Pour une poignée de silex
- Musiques de chambres
- Bibelots agrandis
...

Sur le plan technique toutes les enceintes sont actives et disposent de leur propre source d'alimentation. Elles sont généralement simplement posées au sol, mais elles peuvent aussi être plus ou moins facilement suspendues, par exemple aux branches d'un arbre ou aux poutres d'un grenier...

(équipement : 16 Minirig, 2 Minirig Mini, 5 Minirig Subwoofer + mini PC Fujitsu P1610, 2 interfaces audio 8 canaux ST-Lab)

L'acousmapoche

configuration principale : maillage cubique jusqu'à 31.1, mise en place +/- 1 heure
situations typiques : démonstrations, prototypage, support d'intervention pédagogique, micro-installations...
lieux : ...

Encore plus petites mais plus nombreuses que celles de l'Acousmobile de chambre, les enceintes de l'acousmapoche ainsi que leur structure porteuse sont contenues dans une petite mallette et peuvent donc m'accompagner quasiment partout.
Grâce à leur distribution sous la forme d'un maillage tridimensionnel et à leur diffusion omni-directionnelle, elles permettent de faire entendre à l'échelle (1/10ème pour l'axe horizontal, 1/5ème pour l'axe vertical) pratiquement l'ensemble des œuvres composées pour un espace holophonique tel que celui de l'Acousmonef, avec évidemment un rendu proportionnel...
Le montage est constitué d'une structure cubique d'un peu plus d'un mètre de coté sur laquelle sont fixées les petites enceintes amplifiées. On peut éventuellement glisser un peu la tête à l'intérieur mais il est surtout conçu pour être observé de l'extérieur : à la place de l'immersion recherchée habituellement, l'auditeur (le pluriel est assez limité ici...) est en position d'observateur. On se retrouve ici finalement un peu comme devant une paire d'enceintes stéréophonique, où l'espace est un volume réel plutôt qu'une illusion de relief.
Pouvoir tester, modéliser et tout de même entendre des sons selon un tel espace est pédagogiquement inestimable car il est extrêmement rare de pouvoir le faire avec un équipement "normal". Seul le système 4DSound dispose actuellement d'une telle possibilité.

l'acousmapoche 27.1 monté dans un petit coin de l'Acousmonef

(équipement : 16 paires Razer Ferox + 1 sub Minirig, 4 cartes son USB 8 canaux et 1 mini ordinateur portable Fujitsu P1630,
la structure porteuse est constituée d'un kit de construction de tente pour enfant)

Quelques définitions rapides :

visiophonique : projection de l'image d'un champ spatial en relief par des points haut-parlants situés devant les auditeurs (exemple stéréophonie, L-Isa, acousmonium partiel)

périphonique : projection de l'image d'un champ spatial bi- ou tri-dimensionnel au moyen de points haut-parlants situés autour des auditeurs (exemple cercle et dômes)

holophonique : production d'un champ spatial tridimensionnel par des points haut-parlants situés autour et parmi les auditeurs (exemple 4DSound, grand Acousmobile)

volumétrique : production de formes spatiales en volume au moyen de points haut-parlants distribués dans l'espace et parmi les auditeurs (exemple sculptures haut-parlantes, certaines installations)

Certains types d'espace peuvent être combinés, notamment visiophonique+périphonique (exemple cinéma et acousmoniums) et holophonique+volumétrique (exemple Acousmonef), ou être en partie virtualisés (exemple IRCAM EsPro).